GALAXIE

Galaxie c'est une longue, très longue histoire ...

Je n'ai jamais aimé mon apparence, ce que mon corps reflétait dans le miroir me faisait peur et me dégoûtait ...

Aussi petite que je me souvienne je ne m'aimais pas, je me cachais sous des vêtements amples et j'ai toujours détesté sentir les regards posés sur moi, ça n'a pas changé d'ailleurs, autant vous dire que poster des photos de moi pour montrer mes progrès sportifs n'a pas été une mince affaire !!

Contexte familiale et relations compliquées, je n'ai pas eu l'enfance rêvée, pour dire vrai je n'ai jamais vraiment su où était ma place au sein de cette famille, qui pour moi n'en était pas une, solitaire et rêveuse je me suis construit mon monde, cerveau en ébullition h24 et remise en question beaucoup trop nombreuse pour une simple enfant !

Quand l'adolescence est arrivée je me cherchais toujours, je ne me suis malheureusement jamais trouvée, lasse d'errer sans but et sans grand espoir je me suis laissée aller à la vie, mes pensées malsaines ont pris mon corps en otage. J'ai commencé à manger moins, j'avais alors 13/14 ans, j'étais une ados très remuante, très indépendante et réservée, petit à petit ce poids qui me pesait sur les épaules à descendu, il a descendu tellement vite que je me suis vue devenir heureuse et forte car j'avais enfin le contrôle, j'ai alors cru que la fin de ce calvaire sans nom avait sonné ! Allais-je être enfin heureuse avec ce poids en moins ? J'y ai cru, l'espace de quelques semaines, quelques mois, j'ai bien cru que le poids physique perdu était le poids de mon mal-être ... en vain !

Il était désormais trop tard, la machine était lancée ! Sans même connaître le nom de cette horreur je me suis laissée couler dans la gorge de l'anorexie qui n'a fait qu'une bouchée de moi ...

L'euphorie de la perte de poids a été de courte durée, après 15 kg de perdu j'ai remarqué que mon corps n'avait pas changé, je le voyait gros, moche, sans nuances, juste là pour me dire que je n'étais rien et que rien n'avait changé !

Ma mère s'est rendu compte relativement tard de ce manège, l'anorexie étant une maladie viscieuse et sournoise j'ai su parfaitement cacher ma perte de poids ainsi que mes repas incomplets ! "je n'ai pas faim" "j'ai mangé ou goûté tard" "je suis chez une copine" ... tous les pretextes étaient bons pour qu'on ne déloge pas ma nouvelle amie qui faisait de mon corps un cadavre ambulant !

La supercherie à durée plusieurs mois, jusqu'à ce que ma mère me force à monter sur la balance devant elle ...

Elle m'a fait rencontrer une endocrino qui a de suite voulu m'hospitaliser, évidemment j'ai refusé catégoriquement en hurlant que je n'étais pas malade et que je n'avais par conséquent besoin de l'aide de personne !

Au collège j'étais le centre d'intérêt, "tu as maigrie" "tu fais un régime ?", jusqu'à un matin ou une camarade de classe m'a dit : "tu te fais vomir ?" et là ça a été la phrase de trop, comment pouvait on insulter mon anorexie de boulimique, comment pouvait on oser penser que je vomissais alors que je n'avalais rien, je me suis sentie insultée et bafouée ! Ma tête n'a fait qu'un tour, je devais trouver une solution, un échappatoire et vite, j'ai alors décidé d'accepter l'hospitalisation, dans ma tête je voyais ça comme des "vacances", quelques temps loin de tout ...

J'étais loin de me douter que ça allait durer 2 ans ...

Je suis entrée à l'hopital avec un poids déjà bas (je ne posterai pas de chiffre pour ne pas influencer certaines personnes "atteintes" et par conséquent "fragiles") j'ai très vite perdu 5kg supplémentaire, les médecins ne savaient pas comment cela était possible, ils m'ont placé sous "contrat médical", un contrat médical c'est un peu la carotte et l'âne, vous avez un poids à atteindre pour les visites, un poids à atteindre pour sortir dehors et un poids pour sortir définitivement, en dehors de ces poids vous êtes enfermé sans visites, sans téléphone, sans internet, sans soleil, sans rien ...

je n'ai pas vu ma famille ni mes amis pendant des mois entiers ! Des mois entiers à pleurer, à surveiller le parking gigantesque de l'hopital avec l'espoir d'y apercevoir une safrane grise (l'ancienne voiture de ma mère) ... Des journées entières avec l'impossibilité de se nourrir correctement .. Des journées entières à être gavée de médicament pour ne pas sombrer dans la folie ... 

J'ai perdu du poids encore et encore, jusqu'à atteindre -25kg. j'étais squelettique, tout droit sortie d'un camp de concentration, quand je regarde les photos de cette période je me dis que ce n'est pas moi ... ce n'est PLUS moi !

J'ai été transferée dans un centre soi-disant spécialisé, j'y suis restée une petite semaine jusqu'à ce fameux soir, 22h l'heure de prendre les constantes : tension à 7 pulsations à 35/min et température corporelle à 34degrés, je suis conduite aux urgences cette nuit là, on m'a branchée de partout, j'avais des fils qui se baladaient de par et d'autre de mon corps, on aurait dit robocop ! Le scop hurlait à la mort car branché à mon coeur trop bas la sonnette d'alarme se mettait en route toutes les 2 secondes, ce qui à la fois m'empêchait de dormir et de mourir ..

J'ai vu afficher 26pulsations/minutes sur ce scop ... on se dit que la mort est là, tout près, que la fin est proche et que le calvaire est bientôt terminé, à ce moment là on se dit qu'on a réussi, que l'anorexie a réussi !

Je n'ai pas eu peur de mourir et c'est ça qui a été le plus terrible !

Cet endroit était l'enfer pour moi, j'étais mal regardée, jugée, mal-menée je n'avais le droit de parler à personne, je devais faire mes besoins dans un pot de chambre et un matin 5 personnes m'ont retenu de force pour m'enfoncer une sonde naso-gastrique, un énorme tuyau qui passe par ton nez, ta gorge et qui va jusqu'à ton estomac, ce tuyau devait me nourrir artificiellement chaque nuit à raison d'1L5 de nourriture par nuit, autant vous dire que le lendemain je n'arrivais plus à bouger tellement j'étais gavée, je ne mangeais plus rien du tout.

Je sens encore l'odeur du long couloir macabre de ces urgences ... 

"Tu as su maigrir tu sauras grossir" voilà ce qu'on me disait quand j'avais le malheur de dire que j'avais mal au ventre ou à l'estomac ...

Pour la pesée je devais faire mes besoins dans le fameux pot avec quelqu'un dans la pièce pour éviter que je triche en buvant de l'eau pour augmenter mon poids, je devais être pesée nue pour ne pas tricher également, j'étais traumatisée ...

Le calvaire a duré 2 longues semaines, les plus longues de ma vie ...

Je vous passerai les détails de mes autres hospitalisations qui ne sont pas plus réjouissantes sinon on en a pour 1 semaine d'écriture et 3 jours de lecture pour vous ahah !!

Quand je suis sortie de l'hopital j'avais peur de tout, de la rue, des gens, des magasins ... j'ai du réapprendre à vivre ou du moins survivre pour commencer ..

J'ai été marqué par l'ultimatum de "manger ou l'hopital" ... autant vous dire que j'ai mangé tellement j'avais peur, tellement mangé que je suis tombée dans la boulimie, ne sachant pas me faire vomir et n'osant pas tellement j'avais honte j'ai pris énormément de poids jusqu'à atteindre 70kg (celui là j'ose le mettre) plus de 35kg de pris (je vous laisse faire le calcule donc ;) ) 

J'étais dans un état morale et physique pitoyable, ma tête et mon corps était perdu littéralement, plus rien n'allait ... Les vomissements sont apparus, les tentatives de mettre fin à mes jours aussi, l'anorexie était plus présente que jamais, je devais faire quelque chose ...  
J'ai perdu dans la même période ma meilleure amie, Coralie, rencontrée dans un des centres, les rails n'ont pas eu pitié d'elle, je me suis jurée que je vivrais pour elle et c'est malheureux à dire mais elle y est pour beaucoup si je suis guérie aujourd'hui ... 
j'ai perdu le poids pris en quelques mois, j'ai réussi à reprendre ma vie en main, si je dois faire le calcule des années de calvaires de a à z ça aura duré 8 ans ... 

Tout ça c'est terminé maintenant, les séquelles sont bien présents, physiquement surtout mais je lutterai toute ma vie contre eux ! Je ne regrette pas cette période de ma vie, il ne faut rien regretter, si je n'avais pas vécu ça je ne serai pas celle que je suis aujourd'hui. J'ai vécu, vu et entendu des choses atroces, qui marqueront à jamais mon existence mais ces choses là m'ont appris à vivre, me battre et voir la vie avec un oeil différent.

Nous n'avons pas tous le même vécu, les mêmes chances, les mêmes possibilités, respectez toujours votre prochain, ne jugez pas les autres, gardez vos critiques pour vous de peur de blesser, soyez humbles et aimez avant de détester ! Gardez bien en tête qu'il y a toujours pire que soi-même, que la vie est difficile pour vous peut être mais que c'est pire encore pour d'autre, ne vous plaignez pas, vivez à fond, retournez vous uniquement pour regarder le chemin parcouru ! 

L'anorexie est une maladie grave qui touche bien plus de personne que vous ne le pensez, si vous calculez tout que votre poids vous obsède que vous n'aimez pas votre apparence et que certains aliments sont pour vous interdits alors posez vous des questions ! Sachez que cette saloperie est partout et si elle pose ses mains sur vous vous avez intérêt à vous accrocher et à être bien entouré ! 

Faites attention à vous !